Revalorisation de l’AAH : en réalité, le gouvernement économise sur le handicap !
Alors qu’un sondage, rendu public le 6 mai dernier par Le Parisien, montre que 89 % des personnes handicapées n’ont pas confiance en la politique du gouvernement, la secrétaire d’État en charge des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, tente de rassurer.
« Au 1er novembre 2019, l’AAH (allocation adulte handicapé) augmentera de 40 euros mensuels », déclare la secrétaire d’État.
Après une première hausse en novembre dernier, cela fera donc 90 euros supplémentaires en un an, « une avancée énorme pour près de 1,1 million de personnes », se réjouit-elle.
Certes, comme promis par Emmanuel Macron, l’AAH est donc revalorisée de 40 euros supplémentaires. Sauf que si, habituellement au mois d’avril, les prestations sociales bénéficient d’une indexation sur l’inflation, cette année, ce ne sera pas le cas pour l’AAH. De plus, l’année prochaine, en 2020, la hausse existera mais sera limitée à 0,3 %.
Si l’AAH avait augmenté dans les mêmes proportions, respectivement, en avril 2019 et avril 2020, son montant se serait alors élevé à 843 euros, hors revalorisations exceptionnelles (l’inflation est, aujourd’hui, estimée par l’INSEE à +1,3 % à la fin de l’année 2019). Dans les faits, compte tenu de ces revalorisations et de la hausse de 0,3 % d’avril 2020, il atteindra 902,70 euros. Il faut donc reconnaître que les allocataires sont a priori plutôt gagnants. Mais la réalité, c’est que cette désindexation limite les effets des revalorisations. En 2020, le gain s’élèvera réellement à 59,70 euros (902,70 – 843 euros) au lieu des 90 euros annoncés par le ministre.
Par ailleurs, le gouvernement se targue de faire un effort financier de « plus de deux milliards d’euros sur l’ensemble du quinquennat ». Mais il se garde bien de mettre en avant le fait qu’il « rationalise » les prestations complémentaires puisque, depuis le mois de janvier, le « complément de ressources » (de 179 euros par mois) a été supprimé.
Certes, cette prestation perdurera pendant une décennie pour ceux qui la perçoivent à ce jour. Et certes, encore, le gouvernement, dans sa grande bonté, n’a pas supprimé, dans le même temps, pour les nouveaux allocataires, la « majoration pour la vie autonome » de 104 euros par mois.
Mais une fois le calcul fait, on s’aperçoit, néanmoins, que, pour ceux qui auraient pu prétendre au « complément de ressources », ce sera quand même 75 euros en moins à la fin du mois ! Quant à ceux qui ne remplissent pas les critères d’attribution, au revoir les compléments !
En réalité, malgré les grands effets d’annonce, le gouvernement cherche bel et bien à faire des économies sur le handicap. Car l’objectif, ici, ne nous trompons pas, est bien de permettre à Bercy d’économiser environ une centaine de millions d’euros en 2020, et ce, malgré le fait que 16 % des personnes en situation de handicap vivent encore sous le seuil de pauvreté. Mais le handicap reste, bien évidemment, comme le clame Sophie Cluzel, la priorité du quinquennat… Heureusement, car qu’est-ce que cela aurait été autrement ?
Mylan Douthe pour
bvoltaire.fr