L'association de consommateurs veut faire payer les agriculteurs pour la dépollution.
ENVIRONNEMENT - La présence de pesticides reste massive dans les cours d’eau français malgré de récents progrès dans les zones de captage les plus à risque, indique ce jeudi 28 mars un rapport de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir qui souhaite que les agriculteurs paient pour la dépollution.
En matière d’eau potable, “plus de deux millions de consommateurs reçoivent une eau qui, malgré les traitements, est polluée en pesticides ou en nitrates”, indique le rapport en soulignant néanmoins que 95,6% des consommateurs français reçoivent une eau du robinet “de très bonne qualité et conforme à l’ensemble des paramètres sanitaires”.
Les pesticides, détectés dans 5% des réseaux de distribution (2271 communes concernées) constituent la première cause de non-conformité de l’eau distribuée. Viennent ensuite les nitrates, présents dans 0,8% des réseaux (370 communes) et touchant l’eau distribuée à plus de 200.000 consommateurs.
Contaminations bactériennes et arsenic
En troisième place figurent les contaminations bactériennes retrouvées dans 0,7% des réseaux d’eau potable, soit 253 communes, qui concernent 215.000 consommateurs.
En quatrième place est relevée une pollution d’origine naturelle, l’arsenic, surtout dans le centre de la France, qui touche 0,4% des réseaux (154 communes et 38.000 consommateurs).
L’UFC-Que Choisir déplore qu’aucun bilan national n’ait été établi douze ans après le Grenelle de l’Environnement, mesurant l’impact des deux lois sur l’eau de 1992 et 2006 sur la protection des captages de sources d’eau contre les pollutions agricoles.
Les pollutions agricoles en stagnation
Sa propre étude, menée sur une centaine de captages dits prioritaires, où des mesures contre les pollutions diffuses ont été mises en place, montre une baisse “très significative” des pollutions “pour près des deux tiers des captages étudiés”, selon le rapport.
Mais ces captages prioritaires ne représentent qu’à peine 3% des 35.000 captages en France, pour la plupart sans protection particulière contre les pollutions agricoles.
“Alors que les pollutions domestiques et industrielles ont considérablement diminué dans les 20 dernières années et sont en passe d’être résolues, les pollutions agricoles n’ont que très peu baissé dans les cours d’eau et sont toujours aussi présentes dans les nappes phréatiques” affirme l’UFC.
Un traitement des pollutions “coûteux”
L’association regrette notamment que les rares mesures prises reposent “essentiellement sur le volontariat des agriculteurs”, les préfets “n’ayant pas voulu imposer à la profession agricole des dispositions, qui, en limitant les apports d’engrais et de produits phytosanitaires risquaient de limiter les niveaux des productions agricoles”.
Outre le développement de l’agriculture biologique moins polluante sur les aires de captage de source d’eau, l’UFC-que Choisir demande la “mise en oeuvre stricte du principe pollueur-payeur”.
Citant le Commissariat général au développement durable, l’UFC affirme en effet que les pollutions agricoles génèrent sur la facture d’eau des dépenses supplémentaires annuelles comprises entre 750 millions et 1,3 milliard d’euros par an: une politique de traitement des pollutions “coûteuse, injuste et imparfaite sur le plan sanitaire”.